PRÉFACE

Le pinceau et la plume – Préface

Par passion de l’art, ensuite de la peinture, puis de la vie des peintres, je suis devenue historienne de l’art.

Mais une historienne bien spéciale : j’enquête sur les tableaux.

Sont-ils vrais, sont-ils faux ? …

Bien souvent, c’est le deuxième cas le bon. Il faudrait presque écrire une histoire des faux ; mais j’ai déjà bien du fil à retordre avec les vrais…

Ayant quelque peu pratiqué la peinture en amateur, mon œil s’est sensibilisé à la progression du pinceau des artistes. Le jeu du rapprochement et des différences d’avec les œuvres des auteurs présumés permet de préciser bien des détails. Souvent, le sujet ou la date ne colle pas avec la facture, ou la facture est fantaisiste, ou les couleurs utilisées sont celles de reproduction de photographies anciennes. Une fois terminé le jeu des « … possible … » – « … pas possible … » commence la recherche, la vraie, ma seconde passion.

C’est elle qui va permettre d’assurer l’œil. Bien sur ce que les historiens officiels des peintres disent est intéressant, mais en vérifiant leurs sources, on s’aperçoit que certains passages , de lettres par exemple, sont laissés de côté. Ah ! avec les pointillés… que de surprises merveilleuses ! Ainsi, au fil du temps la connaissance évolue et se précise.

Vous m’avez compris, ce qui importe ce sont les archives. Remonter le plus possible à la source est essentiel. Pas l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours…

Bibliothèques et archives, sont tout un monde à aborder avec méthode et une infinie patience. Elles réservent bien souvent des trouvailles gratifiantes.

C’est ce chemin des découvertes que je parcoure chaque fois que se présente un tableau intéressant.

Il est rare qu’il n’ouvre pas sur des bribes inconnues de la vie de l’artiste. Bribes inconnues…c’est souvent la cause de l’oubli du tableau. Mais il faut que tout soit vrai, prouvé.

Pour cela, il faut aussi le feeling du policier sur la trace de l’assassin .Et dans la recette, il faut aussi inclure une initiation aux analyses techniques, toujours indicatrices de l’époque présumée de peinture ; Dans ce domaine même le » Rien » est encore quelque chose.

Passé le stade du « surement vrai », il faut apprendre à regarder le tableau, dans le moindre détail , et toujours avec l’ esprit critique . Alors, on commence à rentrer dans l’œil du peintre.

Un de mes peintres de prédilection est Paul Cézanne. Le premier et principal tableau dont je vous parle dans ce livre est de lui, et m’a réservé des surprises capitales. Sans lui, il manque un maillon de la connaissance de l’ artiste, mais remettre de l’ ordre dans ses tableaux de jeunesse en les comprenant mieux, puisque tel est le cas, est un exercice périlleux. Car, les « grands connaisseurs » de toutes nationalités, ne voient pas d’un bon œil que l’on débarque dans leur pré carré… à une ou deux exceptions près , bien sûr. Sans compter ce que le travail de recherche m’a fait decouvrir sur d’autres parties de l’ œuvre de Cézanne, comme vous le lirez en deuxième partie.

Surtout ne cherchez pas dans ce livre un roman historique, comme auraient préféré les éditeurs. Il est le résultat d’une longue enquête qui s’échelonne sur dix ans ; un genre à part, néanmoins passionnant pour qui aime l’art.

Il ne rentre pas dans une norme, pas de plan classique, pas vraiment un Xe livre d’art , un essai en quelque sorte, mais à la fin vous en aurez appris un peu plus sur la nature de cet artiste.

ALORS SUIVEZ-MOI.

2019-08-07T10:33:30+02:00