ET IN ARCADIA EGO – Les bergers d’ Arcadie
Huile sur carton – 39 x 55,5 cm – Circa 1864-65

ET IN ARCADIA EGO – Les bergers d’ Arcadie

Le 19 Avril 1864 Cézanne obtient l’ autorisation de copier « les Bergers d’Arcadie » par Poussin . (registre des copistes , archives du Louvre , carte numéro 32 46) . A t il vraiment commencé une copie , stricto sensu ? Pour l’ instant nulle trace .
Le sujet « les bergers d’ Arcadie » est tiré de l’ antiquité et comporte de nombreuses versions . Poussin en a fait deux versions . Sur la plus connue , dont Cézanne a gardé la gravure toute sa vie , on trouve une inscription dont l’ anagramme est : « je sais ou est le tombeau du christ ». Cette inscription a généré quantité d’interprétations liées au sujet lui-même . Cézanne , qui à cette époque pas plus qu’ une autre ne faisait de réelle « copie », (sauf pour la rapide ébauche de « la barque de Dante » dont le sujet est moins dans la culture de l’ artiste) . Cézanne donc se lance dans son interprétation du sujet dont il connait, lui, le sujet et ses versions :
Cela donne cette étude pleine d’ esprit :
On y trouve les personnages traditionnels avec leurs attributs :
A gauche , Mercure avec les vaches qu’ il vient de voler à Hadère.
Puis , un genoux en terre, Alphée , dieu du fleuve , habillé en bleu ; il tient une amphore d’où coule de l’eau .
Le personnage en blanc pourrait être Marie Madeleine, la première qui découvrit le tombeau , vide . Elle pose la main sur l’ épaule du berger , à sa gauche, habillé de rouge , pour lui signifier : « n’ ayez crainte , il repose en paix »
Puis vient un autre berger qui se penche sur la terre remuée devant eux : Ce n’ est pas un tombeau monumental, peu crédible dans le récit du nouveau testament , mais une simple tombe en terre .
La pose de ce berger qui se penche en pliant les genoux , apparait ici pour la première fois : on le retrouve dans le dessin CH 447 et avec des variantes dans plusieurs œuvres des années 70 .
Cézanne présente ses personnages comme Pline les présentaient : Mercure – Hermès est aussi le messager des Dieux à qui on attribue le développement des arts ; et à droite il s’ agirait du berger qui découvrit l’ art dans les ombres des autres bergers .
Près de l’ angle droit se dresse pour la première fois « l’ observateur » que l’ on retrouve dans nombre de ses œuvres et dont le rôle reste mystérieux .
Le tout peint par touches empâtées , longues et brusques , comme dans « Marion et Valabrègue partant pour le motif » vers 1866 numéro 400 , et « Courtisanes numéro 603 vers 67 » .
Les mufles des vaches ressemblent à ceux de ses chevaux, et les arbres autant que les fonds sont bien les siens .
Du pur Cézanne , parodiant Poussin , non signé et non daté .

En cours de restauration…

LE BOSQUET
Dessin 23,8 x 31,7 cm – Circa 1864 -65

Le bosquet

Rare et remarquable dessin exécuté comme une œuvre en tant que telle , à la mine de plomb , sur papier bristol , couteux support de fabrication anglaise , commercialisé en France depuis les années 1850 , sous la marque “L.M” signalée par un cachet sec comportant son coloris :” teinte julien” .
Il représente un bouquet d’ arbres dans un paysage du Sud ( toits de ferme typiques du Sud ) . La main y est parfaitement reconnaissable avec le coté ” bouclé ” du feuillage que l’ on trouve dans maints dessins du catalogue raisonné de Chappuis , et pour l’ exécution des dessins au lavis , voir “L’ entrée du château”: même si l’ instrument utilisé est le pinceau, plutôt que le crayon , le geste est le même .

LA CÈNE
Huile sur toile – 58,5 x 81, 5 cm – Signé et daté 1868

La cène

Sur le Châssis au crayon , numéro Vollard : 3799 Vol .
Attribué à un autre tableau , faute de descriptif .
Pour cette réussite incontestable Cézanne se sent à la hauteur de ses grands maitres . Aussi s’ invente t il une signature particulière : un sigle « Pinxit » comme les maitres anciens le faisaient .
Daté 68 .
En outre , autre signature : il se représente , à gauche derrière les apôtres . On le reconnait parfaitement : ne faisaient ils pas aussi comme cela ?
Autre signature encore : le regard mi interrogatif mi dubitatif du Christ , avec son humour particulier , souvent présent dans ces tableaux à sujets « classiques » .
Tableau certainement repris dans des échanges avec Vollard

Exceptionnel .Unique dans son œuvre . Et avec quelle réussite !
Œuvres préparatoires :
Dessins CH209 , 222, 224 bis et pastel 224 . Daté 66 -67 et 68
Etude complète détaillée dans : SIC ITUR AD ASTRA même auteur .

LA FIN DE SIDOINE
Huile sur toile – 46, 5 x 64,5 – 1869

La fin de Sidoine

Daté 69 et signé .
Construit comme « La mort de Sardanapale » de Delacroix auquel il se mesure ici , avec un sujet tiré de son histoire personnelle . En 69 , Zola va épouser Alexandrine , mettant un terme à leurs aventures juvéniles , symbolisées dans ses « Contes à Ninon » par le dernier : « les aventures de Sidoine et Médéric » voir étude , vue des dizaines de milliers de fois depuis 2011 : « LE PINCEAU ET LA PLUME »et complétée lors des recherches sur la présente collection .

Tableau plus sombre mais avec une palette très proche du précédent .
Pâte et touche identique , hors coloris , à celles de « l’ Orgie » commencée en 68 69 ( numéro 596)
Daté 69 et signé en bas à droite , en brun sur un fond sombre .
Au dos sur la toile, redatée par Vollard , qui en outre mentionne l’ adresse du premier achat qu’ il fit : « Ls ST P… »
Traces des nombreux coups de couteau que l’ artiste assenait à ses oeuvres dans ses moments de doute.
Etude préparatoire pour le chien en bas à gauche : CH 180 avec une étude de la composition du tableau de Delacroix Daté de 68 et CH 201 étude de bras datée de 69 .
Sur le châssis : numéro d’ enregistrement pour la demande d’ exposition en 1880 : 150 , donc présenté le premier jour réservé aux parrainages des membres du jury . ICI il s’ agit de celui de Guillemet dont on a le récit dans les notes de Zola ( Bibliothèque Nationale) édités seulement en1993 sous le titre : « Carnets d’ enquêtes » page 257 .
Puis les numéros G 2 correspondant exactement au récit en question rapporté par Guillemet lui-même à Zola puisque c’ est lui , Guillemet qui présentait l’ œuvre , avec un autre dont il confie la défense à Cabanel .Tableau refusé de justesse .
Zola à Cézanne le 16 AOUT 1860 : « …Vois Rembrandt ; avec un rayon de lumière , tous ses personnages , même les plus laids , deviennent poétiques ,… »

BORDS DE L’ ARC
Huile sur toile – 30, 2 x 40 cm – 1869

Bords de l'Arc

C’ est celui que Cézanne présente au Salon de 1869 . Il porte sur le châssis son numéro d’ enregistrement de demande d’ exposition : 6797 . ( seulement lisibles intégralement aux infra rouges) .
Il sera refusé .
Cézanne en parle dans une lettre à Numa Coste , datée de fin Novembre 68 : « Je travaille beaucoup à un paysage des bords de l’ Arc , c’est toujours pour le salon de l’ an prochain, sera-ce celui de 69… »
Puis vient la description du temps qui avec ses pluies torrentielles le gênait , mais qui au final justifie les hauteurs d’ eau du tableau et son atmosphère chargée d’ humidité qui fait pénétrer la réalité dans le songe .
Stylisé , mais tout en rigueur et simplicité .
Les arbres rappellent ceux du « Château de Magdala ». Ils sont également reliés à ceux de « La pastorale « daté de 70 . numéro 609.

2019-09-19T16:29:45+02:00